Les pages littéraires de Sylvie Bérard

Science-fiction, littérature, écriture

Catégorie: Fiction

Ma plus récente nouvelle de sf

Le 17 septembre 2020, n‘était pas lancée (pour des raisons évidentes de covid19) l’anthologie Futurs (disponible en librairie), publiée sous la direction de Mathieu Villeneuve et à laquelle j’ai eu le plaisir de participer. Depuis, l’anthologie fait son petit bonhomme de chemin et reçoit en fait un accueil des plus réjouissants (les collectifs passent parfois inaperçus). L’ouvrage réunit dix nouvelles de science-fiction. Le projet est simple: « Futurs propose justement d’explorer ce que l’avenir, pluriel et changeant, nous réserve. » Les auteur·trice·s ont relevé le défi à leur manière personnelle, mais comme j’ai collaboré au livre, je vais me garder une petite réserve. Je ne le commenterai pas et vous laisserai le découvrir. Voici néanmoins ce qu’en disait une critique du 16 octobre:

Avec ses nombreuses nouvelles, Futurs est un livre qui se consomme avec modération (ou non). Considérant que les textes varient en longueur, le lectorat n’a pas l’opportunité de s’ennuyer. Les autrices et les auteurs du recueil ont réussi avec brio à composer des histoires qui, par leur étrange proximité avec la réalité, captivent complètement leur auditoire. Chacune des nouvelles, sans exception, est porteuse de questionnements qui méritent que l’on s’y attarde. Pour ce qui est de la qualité de l’écriture, les autrices et les auteurs, par leur diversité et par leur prouesse stylistique, ont réussi à tenir le lectorat en haleine jusqu’aux toutes dernières pages.

Laura Lafrance, Zone Campus

Et voici comment le livre était présenté dans Le Devoir du weekend dernier:

Paru chez Triptyque, dans la collection Satellite, Futurs permet à dix nouvellistes d’explorer ce que l’avenir nous réserve. Le directeur, Mathieu Villeneuve, rappelle que les auteurs de science-fiction affectionnent depuis longtemps la forme brève : « Cela s’explique peut-être par la grande liberté du genre. En quelques milliers de mots, il est possible de voyager dans le temps et dans l’espace, de remettre en question l’histoire et l’avenir, de désamorcer nos préjugés. La science-fiction n’est pas un genre mineur : c’est le genre de l’avenir ! Dans ce collectif, il y a une diversité de genres, d’orientations sexuelles, d’origines et de générations. J’ai aussi mêlé des auteurs connus à d’autres qui méritent de l’être davantage. » 

Christian Saint-Pierre, Le Devoir

Futurs faisait aussi partie des coups de cœur du 16 octobre des journalistes du Métro.

De quoi demain sera-t-il fait? Sous la direction du romancier québécois Mathieu Villeneuve, des autrices et auteurs nous proposent de répondre à cette question avec 10 nouvelles réunies dans le recueil Futurs. On navigue ainsi entre différentes visions de l’avenir, racontées par le prisme de la science-fiction, du fantastique et même parfois de l’horreur. Réalité virtuelle, manipulation génétique, rapport à la mort… En anticipant le futur, ces auteurs nous permettent d’ores et déjà de questionner le présent.

Elena Broch, Le Métro

Nous vivons une époque extraordinaire

Dans Extra(Ordinary) People, mon livre préféré de Joanna Russ, entre chaque chapitre ou nouvelle (c’est un quasi-roman composé d’un collage de récits), un personnage demande si c’est ainsi que le monde a été sauvé. Et la narratrice enchaîne avec le prochain récit. À la fin du dernier récit (je cite de mémoire parce que je n’ai pas le livre avec moi, et arrêtez de lire si vous aimez vous garder les punchs), la question est posée une dernière fois et l’autre répond: «Qu’est-ce qui te dit que le monde a été sauvé?»

Ces jours-ci, quand je regarde et lis les nouvelles, je suis plus proche de cette dernière question rhétorique que du questionnement préalable…

« Page décentrée »: Écritures de vacances

Coucher de soleil sur une page (photo retravaillée).

«L’écriture, dans tout cela, jouit chez moi d’un statut intermédiaire. D’un côté, c’est comme prendre des vacances du reste de mes tâches de professeure et de directrice de département. Soudain, j’ai la possibilité de plonger au cœur de moi-même et des mots. J’aborde tous les travaux d’écriture comme des actes créatifs, et écrire, habituellement, m’apporte du bonheur, mais l’écriture de poésie et de fiction occupe bien sûr une place à part. D’un autre côté, l’écriture est aussi un travail. On a beau avoir la plume facile et ne pas engendrer du texte dans la douleur, c’est quand même une technique tout en étant un art, et c’est une besogne exigeante.»

Dans la livraison du 15 juillet de ma «Page décentrée», je me décentre vers le bord de la piscine.

Le document original se trouve sur le site de l’association Pédagogie et pratiques canadiennes en création littéraire (PPCCL).

« Page décentrée »: Je me rapproche dangereusement de moi-même

«Longtemps, je n’ai pas été attirée par l’autofiction. Dans mes lectures, dans mon écriture. Je n’éprouvais pas une aversion particulière pour l’écriture de soi détournée en roman, mais c’est juste que mon attention semblait se diriger ailleurs, du côté de la création de mondes, de personnages qui n’avaient pas trop l’air d’être une projection de moi.
J’écrivais de la science-fiction, ce qui me permettait d’avoir l’air de me tenir loin de l’autobiographique ou de ne pas me faire poser de questions sur celui-ci. Si j’avais fait des romans se déroulant dans un semblant d’équivalent du même espace-temps que celui dans lequel j’évoluais, parions que les gens auraient pu être plus soupçonneux.»

Dans la livraison du 15 juin de ma «Page décentrée», je réfléchis à l’autofiction, la mienne et celle des autres.

Le document original se trouve sur le site de l’association Pédagogie et pratiques canadiennes en création littéraire (PPCCL).

« Page décentrée »: Philosophie, métaphysique, théologie, et le reste est littérature

«Pour revenir au mème, disons-le franchement : l’image de la lampe de poche dont s’armerait le ou la scientifique ne tient pas la route. En fait, c’est tout le récit qui n’est pas cohérent. Que fabrique tous ces gens, scientifiques, philosophes ou autres, dans cette chambre noire? Illes cherchent un chat, mais pourquoi un chat précisément? Pourquoi pense-t-illes le trouver dans cette chambre en particulier? Pourquoi se contenter de chercher un chat alors qu’il y a peut-être mille et une autre merveilles dans la pièce, et pourquoi cette pièce en particulier quand il y a tout un univers à explorer? Et je ne parle même pas du fait que toute l’expérience se déroule dans une dark room/chambre noire : et si c’était une photo de chat qui se trouvait dans la pièce et si notre scientifique allait nous la gâcher avec l’éclairage de sa lampe de poche?»

Dans la livraison du 15 mai de ma «Page décentrée», je médite sur un mème et réfléchis à la science et à la créativité.

Le document original se trouve sur le site de l’association Pédagogie et pratiques canadiennes en création littéraire (PPCCL).