Les pages littéraires de Sylvie Bérard

Science-fiction, littérature, écriture

Catégorie: Traduction

Mes actualités littéraires

J’ai publié mon recueil À croire que j’aime les failles juste avant le début de la pandémie. J’ai eu juste le temps de participer au Salon du livre de l’Outaouais avant que toutes les activités en personne cessent. J’étais invitée au Salon du livre de Sudbury, mais tout s’est fait en virtuel. J’ai fait des vidéos au sujet du recueil, participé à des discussions, etc., mais tout ça en ligne. Et vous savez comment c’est: les gens sont tellement sollicités par toutes sortes de projets et événements que le feedback ne reflète pas toujours toute l’énergie qu’on y met.

Entre-temps, j’ai co-traduit Le fruit de la puanteur de Larissa Lai avec Suzanne Grenier, et j’ai participé à quelques activités relatives à ce livre et à la traduction, et même deux événements en personne (entre autres, une belle table ronde en compagnie de Kama la Macquerel, organisée par la Librairie Saga), mais encore là, dans un monde occupé.

J’ai aussi participé au projet de vidéopoèmes du Tremplin d’actualisation de la poésie: 60 pph 2022 – Ces lieux qui nous habitent.

En ce moment, je suis en train de terminer l’écriture d’un roman de science-fiction, ce qui est une activité, on s’en doute, très solitaire, même que, en sabbatique, je me suis devenue encore plus recluse que ce que la pandémie exige.

Illustration de Ontario Create montrant les couvertures de tous les livres en nomination cette année.

Tout ça pour vous dire que la nouvelle, cette semaine, de la nomination À croire que j’aime les failles au Prix de poésie Trillium m’a plongée dans un immense bonheur. En ce moment, je coordonne ma particiption à quelques entrevues à ce sujet, et je me rends compte que j’ai besoin de ce genre de feedback et de visibilité de temps à autre, pour me rappeler pourquoi j’écris: pour être lue et entendue!

Je vous redonne des nouvelles au sujet du prix!

Le fruit de la puanteur

La traduction du roman Salt Fish Girl de Larissa Lai, signée par Suzanne Grenier et moi-même, vient de paraître sous le titre Le fruit de la puanteur aux éditions Tryptique. Voici la discussion que nous avons eu toutes les trois avec Pierre Luc Landry, directeur de la collection Queer, dans le cadre d’un événement diffusé par la Librairie Saga de Montréal.

La petite porte

Photo d’une porte au milieu d’un champ.
Juste une porte au milieu d’une vaste prairie…

Où que ton regard se posât, tu ne voyais qu’espaces ouverts, attendant d’être conquis. Du moins pour toi qui oubliais que cet espace n’était pas foulé depuis toujours, ou tout le temps, ou avec le même confort, par tout le monde. Dans ta griserie spatiale, tu oubliais ou t’efforçais de ne pas voir que ta liberté n’avait pas toujours été celle de tout un chacun . Tu laissais aussi de côté le fait que tous les espaces conquis comme s’ils avaient été tiens n’étaient pas, en fait, vides. Tu laissais de côté ceux et celles que tu avais foulés sur le sol poli de tes lieux, pressés sur les murs lambrissés de tes aires, celles et ceux que tu n’avais pas laissé se sentir chez eux. Et puis, soudain, ton œil est attiré par cette petite porte fermée au fond du jardin… à l’autre bout du pré, au milieu de la prairie. La minute d’avant, tu ne connaissais même pas son existence, mais maintenant, c’est plus fort que toi, il faut que tu regardes derrière. Tu viens pour l’ouvrir, d’ailleurs, elle n’est même pas fermée à clé, mais une voix te murmure qu’il vaudrait mieux que tu n’y ailles pas. Mais tu as l’habitude des espaces illimités, des moindres petites pièces où tu t’installes tout à ton aise, alors cette petite porte au seuil imprenable te fatigue, cette restriction, pas même une exclusion, en vérité, juste une demande poliment formulée de respecter cette chambre à soi, ce refuge, cette règle dans un monde que tu percevais sans règles, te heurte, te blesse, t’atteint, te donne envie de la prendre comme tu as pris le reste. C’est fatigant, n’est-ce pas?