« Page décentrée »: Écritures de vacances
par Sylvie Bérard

«L’écriture, dans tout cela, jouit chez moi d’un statut intermédiaire. D’un côté, c’est comme prendre des vacances du reste de mes tâches de professeure et de directrice de département. Soudain, j’ai la possibilité de plonger au cœur de moi-même et des mots. J’aborde tous les travaux d’écriture comme des actes créatifs, et écrire, habituellement, m’apporte du bonheur, mais l’écriture de poésie et de fiction occupe bien sûr une place à part. D’un autre côté, l’écriture est aussi un travail. On a beau avoir la plume facile et ne pas engendrer du texte dans la douleur, c’est quand même une technique tout en étant un art, et c’est une besogne exigeante.»
Dans la livraison du 15 juillet de ma «Page décentrée», je me décentre vers le bord de la piscine.
Le document original se trouve sur le site de l’association Pédagogie et pratiques canadiennes en création littéraire (PPCCL).
Il y a un préjugé à l’égard des profs et des vacances. Pourtant, nous ne sommes pas aussi légers qu’on le pense. Nous commençons nos vacances épuisés et nous sommes déjà en train de réfléchir à nos prochains cours. Nous lisons pour le plaisir, mais il se trouve toujours des extraits qu’on décide de photocopier en vue d’une activité à faire en classe. Nous trouvons parfois du temps pour écrire, mais jamais de temps « linéaire ». C’est toujours sur du temps emprunté que nous écrivons. Pour écrire, il faut plonger, accepter de traverser l’océan. Ça n’a rien à voir avec les réflexions littéraires qu’on ébauche sur le bord d’un lac ou d’une piscine. Je crois que réussir à ne pas écrire véritablement est tout aussi difficile qu’écrire un roman.
«Je crois que réussir à ne pas écrire véritablement est tout aussi difficile qu’écrire un roman.» Oui! douloureux même, à un certain moment! Quant à lire pour le plaisir… Oui, j’éprouve toujours le même plaisir à lire, mais je me sens quand même un peu coupable lorsque mes lectures ne sont pas transférables dans ma salle de classe ou dans mes recherches. Même quand je lis sur une plage!