Deux fois ne sont pas coutume

Voici une autre contribution sur le conflit social actuel au Québec, suscitée par un témoignage que je viens de lire sur Internet: Eille toué l’ingénieur, touche à rien!: La génération X et le conflit social.

À la veille de m’en aller à mes retrouvailles d’école secondaire (je suis moi aussi de la génération X, celle de la première mouture, mais, moi, ça fait 30 ans que j’ai fini le secondaire, et ce n’était pas une polyvalente mais un collège privé, pour pensionnaires de surcroît, oui, un établissement pour gosses de riches auquel mes parents de classe moyenne avaient décidé de m’inscrire, le fait que j’étais enfant unique ayant favorisé la chose), je retrouve beaucoup d’éléments connus dans ce texte, quoique mon expérience soit toute autre. Il dit que notre génération n’a rien fait et est restée sur son «jambon», dans le temps, dans les années quatre-vingts, lorsque les frais de scolarité ont commencé à dégeler.

Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? Comme vous je vois l’actualité. Beaucoup de gens de ma génération, de leur petit confort chèrement acquis regardent ce qui se passe et ont succombé à l’argumentaire du Journal de Montréal et autres et je me dis: «Non». Les gens dans la rue ne font que ce que nous n’avons pas eu le courage de faire. Quelque chose qui aurait du être fait depuis longtemps, se battre pour rendre les études supérieures à tous, peu importe leur origine, c’est ça – me faisait remarque mon ami Patrick –le deal au Québec aussi depuis 50 ans. (Yanick Vaillancourt)

Ce n’est pas exact. Certains l’ont fait, ont protesté haut et fort, j’en étais, et je suis infiniment convaincue que nous avons réussi à ralentir la tendance, durant un certain temps du moins. Sauf que, à l’époque, nous étions en très petit nombre dans la rue, plusieurs membres de notre génération et encore plus la génération des baby-boomers étant restés, eux, confortablement effouarés sur leur steak (oui, André Pratte était déjà celui qu’il est à présent). Même que j’étais étonnée que tout le monde ne soit pas déjà dans la rue pour des enjeux aussi importants. Même que je me suis souvent fait crier par la tête, par des étudiants-de ma génération «va don finir ton bac au lieu de manifester» et je leur répondais que le mien était terminé, que j’étais à la maîtrise, et que c’est pour les autres qui me suivraient que je militais.

C’est peut-être la raison pour laquelle, d’ailleurs, plusieurs de ma génération donnent à cette jeune génération son appui — un appui qu’elle n’a jamais eu.